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Les liens entre le Canada et
la France sont vieux d’un demi millénaire,
avec la découverte du pays par Florentin
Verrazzano en 1524, envoyé par François 1er,
après une première exploration de Jean Cabot
trente ans plus tôt. C’est à ce moment-là
que le nord-est du pays prend le nom de
Nouvelle-France.
Les premières installations
de colons français se font en 1604, la ville de
Québec est fondée en 1608 par Champlain, celle
de Montréal en 1642. Enfin, le Canada est
assimilé à une province française en 1663.
Parmi ces premiers colons, on peut évoquer
l’apothicaire royal Louis Hébert (1575-1627),
premier officier de justice en Nouvelle-France,
premier colon en Acadie et au Canada à tirer sa
substance lui-même du sol : dans les jardins de
l’hôtel de ville de Québec, un monument le
représente offrant à Dieu sa première gerbe
de blé.
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En France, on utilise parfois
rapidement et à tort le terme d’Acadien pour
désigner un habitant de l’ancien Canada français.
En fait, les territoires français au Canada se
composaient de l’Acadie (aujourd’hui
New-Brunswick et Nouvelle-Ecosse, sur la côte
ouest) et du Québec. Leurs populations étaient
différentes : les Acadiens venaient en majorité
du Poitou et de la Saintonge, alors que les Québecois
étaient plutôt d’origine normande ou
picarde.
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Autre différence entre
Acadiens et Québecois, le fait que les Québecois
soient restés rattachés à la France cinquante
ans de plus que les Acadiens. C’est en effet
en 1713, par le traité d’Utrecht, que l’Acadie
est cédée par Louis XIV à l’Angleterre. Les
malheureux Acadiens, auquel on refuse le droit
de se replier vers le Québec resté français,
harcelés et souvent dépouillés de leurs biens
par les Anglais feront finalement l’objet
d’une déportation massive ("le grand dérangement")
de 1755 à 1760 vers d’autres colonies
britanniques ou, dans le meilleur des cas, vers
Saint-Domingue ou la Louisiane. Certains
choisissent alors de regagner la France, y
peuplant de nouveaux villages comme ceux de la
ligne acadienne en Poitou.
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Après une série de défaite,
la France renonce aussi au Québec par le traité
de Paris de 1763. L’Acte de Québec de 1774
permet aux habitants d’origine française (les
Canayens) de conserver leurs institutions et
leur religion, ce qui n’empêche pas les
nouveaux colons anglais d’y venir massivement
et de s’installer sur des terres confisquées
aux Canayens. Harcelés où qu’ils aillent
(les métis francophones installés dans le
Manitoba, à l’est du Québec, voient leurs
terres confisqués par les nouveaux immigrants
anglophones en 1869, les dispositions
garantissant l’usage du français à l’école
abolies en 1890, etc.), les Canayens rispostent
dès l’origine par la fameuse guerre des
Berceaux : faire plus d’enfants que les colons
anglais pour devenir numériquement supérieurs.
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Avec la guerre des Berceaux,
les Acadiens peuvent reprendre à leur compte
cette phrase de la Bible. Catherine Baillon,
immigrée en Nouvelle-France en 1669, comptait
par exemple cent-soixante-deux arrière-petits-enfants
mariés ! Elle a vraisemblablement aujourd'hui
un million de descendants éparpillés de Gaspé
à Los Angeles, y compris par exemple le Premier
ministre du Québec Robert Bourassa ou les
enfants du généalogiste québecois René Jetté.
Cet été encore, un couple de
Canadiens d’origine française est venu fêter
ses noces d’or à Paris… accompagné de ses
vingt-deux enfants. Autre exemple, le très
gentil patronyme Montchaton (13 personnes de ce
nom en France aujourd'hui) compte plus de 3000
porteurs au Canada. Ou bien Gamache, porté par
300 personnes seulement en France, l’est par
près de 10 000 outre-atlantique, toutes issues
d’un Nicolas Gamache arrivé au XVIIème siècle
sur les rives du Saint-Laurent et qui avait
obtenu la concession d'une seigneurie à l'Islette
au cap Saint-Ignace. Pour l’anecdote, précisons
qu’il compte aujourd’hui Madonna et Céline
Dion parmi ses descendants…
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Aujourd’hui encore, les
premiers noms de famille portés au Québec sont
d’origine française : Tremblay, Gagnon, Roy,
Côté, Bouchard, Gauthier, Morin, Lavoie,
Fortin, Gagné… pour ne citer que les dix
premiers par la fréquence. Les Français partis
pour la Nouvelle-France aux XVIIème et XVIIIème
siècles ont débarqué pour la plupart à Québec.
C’est dans la partie basse de la ville,
aujourd’hui Place-Royale, que se sont établis
les immigrants qui ont fait souche. Leurs noms
se retrouvent désormais un peu partout en Amérique
du Nord, comme celui de Robert Drouin, dont le
contrat de mariage de 1637 est le plus ancien
conservé au Canada. L’immigration française
au Canada se poursuit encore aujourd’hui mais
celle des populations anglophones aussi, ainsi
que d’autres groupes venus du monde entier,
notamment d’Asie, modifiant en permanence la
composition de ce pays tout jeune. Suite au
nouveau millénaire…
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Texte
: Marie-Odile Mergnac
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