dossier : la création des Etats-Unis

 

 

   La découverte de l’Amérique du Nord s’est faite progressivement et par des nations européennes variées.

   Au début, ce sont les Espagnols qui s’implantent en Floride en 1513 suivis de peu par des huguenots français qui tentent de fonder plus au nord une Nouvelle-France protestante. Sans succès. Mais parmi ces "Pères pèlerins" français des premiers temps, il se trouvait un Delanoë dont les enfants angliciseront le nom en "Delano" et qui sera l’ancêtre du président Franklin Delano Roosevelt.

   Les Espagnols colonisent l’Alabama et la Californie, les Hollandais achètent l’île de Manhattan en 1626, les Suédois créent en 1658 sur la côte Est une éphémère Nouvelle-Suède, tandis que les Français catholiques et missionnés par le roi s’implantent dès la fin du XVIIème siècle et fondent la Nouvelle-Orléans en 1718.

   C’est cependant l’Angleterre qui va s’emparer de la majeure partie des terres et crée la Virginie en 1607. En 1620 a lieu le fameux débarquement du Mayflower, avec une centaine de passagers à son bord, souhaitant créer là une terre plus religieuse et plus juste : ces "Pères pélerins" fondent Plymouth et signent une Déclaration des principes. Après la création du Maryland, de la Nouvelle-Angleterre, des deux Carolines, de la Georgie…

   Enfin, en 1763, à l’issue d’une guerre de Sept Ans désastreuse, la France cède à l’Angleterre la Louisiane orientale et le Canada. Même si les colons présents sont issus de toutes les nations d’Europe, c’est désormais l’Angleterre qui a le gouvernement de la majeure partie de l’Amérique du Nord.

   À partir de 1764, l’Angleterre va imposer à la jeune colonie des taxes de plus en plus nombreuses : sur le sucre, sur la mélasse, sur l’entrée du fer, du papier, du thé… Les spéculateurs, les négociants qui s’enrichissent de la contrebande et les imprimeurs suscitent de violentes émeutes. Les Américains décident même, par mesure de rétorsion, de ne plus boire de thé et de ne plus accepter qu’il en soit livré.

   En 1773, la "partie de thé" de Boston, qui surnomme la destruction de la cargaison de trois navires chargés de thé et marque l’esprit de rébellion des colons face au pouvoir de Londres, enthousiasme l’Amérique. Le roi George III décide alors de fermer le port de Boston jusqu’à ce que les habitants aient remboursé le prix du thé. Le Massachusetts refuse et fait appel aux autres colonies. La rupture est en route…

   En 1774, les colonies s’assemblent en un Congrès à Philadelphie, Congrès qui rédige une Déclaration des droits, se donne bientôt une autorité souveraine, lève des troupes pour lutter contre les soldats anglais et donne le commandement suprême à un planteur de Virginie, Washington.
En 1775, c’est la guerre. Le 4 juillet 1776, les Insurgents déclarent leur indépendance mais elle ne sera reconnue qu’en 1783, après la défaite de l’Angleterre.

   Si cette guerre d’Indépendance a été gagnée par les Américains, c’est notamment grâce à l’intervention de la France : en 1777, La Fayette arrive à leur secours avec 5 000 volontaires ; la France fait don de neuf millions de francs de l’époque pour permettre l’armement des Insurgents et dépense environ un milliard pour les épauler avec sa flotte et son armée.

   Les initiatives privées sont nombreuses aussi : Beaumarchais fournit ainsi pour 3,6 millions de francs d’armement, dont un quart seulement sera remboursé à ses descendants soixante ans plus tard. Une aide bien oubliée : un institut de sondage ayant demandé à des Américains d’aujourd’hui si les Français avaient joué un rôle dans l’indépendance des Etats-Unis a obtenu 80 % de "non".

   Par le traité de Versailles de 1783, l’Angleterre reconnaît l’indépendance des États-Unis, premier État libre fondé par des Européens hors d’Europe.

   Pour l’anecdote : la question de la langue officielle s’étant alors posée et soumise au vote du Congrès, l’anglais ne l’emporta que d’une voix sur l’allemand. George Washington devient le premier Président de cette nouvelle nation.

   En 1787, les treize États membres se donnent une Constitution, la première au monde, qui est, dans ses grandes lignes, encore en vigueur aujourd’hui.

Texte : Marie-Odile Mergnac